The Father – Un film déroutant et émouvant – Critique

Il y a quelques semaines, lors de la cérémonie des oscars 2021, The Father a fait parler de lui. En effet, ce film réalisé par le français Florian Zeller a remporté quelques statuettes. Notamment le prix du meilleur acteur pour Anthony Hopkins (Le Silence des Agneaux) ainsi que l’oscar du meilleur scénario adapté. J’avais très envie de voir le film, car il traite d’une relation entre une fille et son père, alors que ce dernier perd petit à petit la mémoire. Un excellent film.

The Father est l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre française Le Père (2012), écrite par Florian Zeller. Fort du grand succès rencontré par la pièce, Zeller se lance quelques années plus tard dans une adaptation en film. Mais, au lieu de produire le long-métrage en France, il modifie son scénario, afin de le produire en langue anglaise. Son souhait avec cette démarche: travailler avec Anthony Hopkins, qu’il voit comme l’acteur idéal pour incarner le rôle du père. D’ailleurs, pour rendre hommage au célèbre comédien britannique, le cinéaste rebaptise le personnage principal Anthony.

Alors qu’il vieillit et devient de moins en moins autonome, un père (Anthony Hopkins) refuse l’aide de sa fille (Olivia Colman). Voyant la situation se dégrader, il commence à douter de ses proches, de son propre esprit et même de ce qui est réel…

Quand la mémoire joue des tours…

Très vite, The Father se révèle être une expérience très déroutante pour le spectateur. Car le parti pris de Zeller est de se concentrer sur le point de vue du vieil homme, marqué par la maladie.

Rapidement, le procédé perturbe. Le personnage d’Hopkins ne percevant pas le temps comme son entourage, vivre l’histoire de son point de vue donne l’impression de voir un enchevêtrement de scènes difficiles à situer dans le temps, qui se contredisent et se mélangent. Comme le père et sa mémoire vacillante, le spectateur est dès lors incapable de mettre dans l’ordre les rebondissements du récit.

Dans n’importe quel autre long-métrage, on considérerait que faire perdre le fil de l’action au spectateur est un échec cuisant. Cependant, The Father joue sur ce sentiment de confusion pour créer une expérience cinématographique marquante et émouvante.

L’expérience est d’ailleurs renforcée par le montage, qui brise la frontière entre le réel et l’illusion. Dès lors, tout se mélange: les souvenirs du personnage, ses croyances, ses rêves, ses cauchemars, ses espoirs, ainsi que son quotidien écrasant. Devant ce procédé déroutant mais redoutablement efficace, le spectateur comprend qu’il ne sert à rien de relier les événements entre eux.

Des personnages touchants

Ce que le film arrive très bien à raconter, c’est la relation compliquée entre un père touché par la maladie et sa fille. Le personnage du père passe par toutes les émotions. Entre sa crainte d’être manipulé par son entourage, ses divagations, ses accès de colère ou encore ses moments de joie innatendus, le personnage fascine et émeut. On se prend vite d’empathie pour ce vieil homme, qui craint de voir tout le monde l’abandonner, tout en étant incapable de comprendre ce que sa maladie inflige à son entourage.

À son côté, sa fille est un personnage tout aussi nuancé. Par amour, elle s’occupe de son père, est patiente avec lui, tout en étant irritée par son manque de reconnaissance. Souvent désespérée, elle constate, jour après jour, la lente dégradation de l’état de santé de son père.

Si Anthony Hopkins est excellent dans le rôle du père, Olivia Colman, qui incarne sa fille, l’est tout autant. Les deux acteurs arrivent à porter à l’écran toutes les couches de nuances de la relation entre leurs personnages.

Du côté de la musique, le compositeur Ludovico Einaudi vient appuyer avec brio toute l’émotion du film.

The Father est donc une grande réussite. Des acteurs au sommet, de l’émotion… C’est un film qui touche profondément le spectateur, en abordant des sujets comme la vieillesse et la maladie. Déroutant et touchant, The Father est une expérience marquante.