The Gray Man – Sitôt vu, sitôt oublié – Critique de film

Pendant la saison estivale 2022, Netflix en a profité pour dégainer un nouveau blockbuster d’action: The Gray Man. Le film est réalisé par Joe et Anthony Russo (Avengers: Endgame). Pour l’occasion, les réalisateurs se sont bien entourés, avec un casting cinq étoiles (Ryan Gosling, Chris Evans, Ana de Armas). Malheureusement, ce qui aurait pu devenir un divertissement sympathique se révèle être un véritable pétard mouillé.

De la comédie aux films de super-héros

Les carrières de réalisateurs d’Anthony et Joe Russo ont de quoi étonner. D’abord, les deux frères ont commencé par la mise en scène de comédies comme Bienvenue à Collinwood (2002) et Toi et moi… et Dupree (2006). Ils ont également réalisé des épisodes de la série Community. En 2014, ils ont rejoint Marvel Studios pour mettre en images le film Captain America : Le Soldat de l’hiver. Devant le succès de cette collaboration, les deux frères ont enchaîné les projets superhéroïques, pour arriver à la réalisation de deux des films les plus lucratifs de ces dernières années : Avengers : Infinity War et Avengers Endgame. Après ces triomphes publics, les frères Russo se sont tournés vers Apple TV+ pour réaliser le très décevant Cherry, un drame sur la crise des opiacés. Avec The Gray Man, un blockbuster produit par Netflix, les cinéastes reviennent au genre de l’action.

Une nouvelle franchise pour Netflix

The Gray Man n’est pas la première collaboration entre les Russo et Netflix. En 2020, Ils travaillaient déjà en tant que producteurs avec la plateforme sur différents projets. Parmi eux: le film d’action Tyler Rake, et sa suite Tyler Rake 2. Les voici cette fois-ci en tant que producteurs et réalisateurs, avec un budget de 200 millions de dollars. Le but du film : lancer une nouvelle franchise d’action pour la plateforme de streaming.

L’ancien agent de la CIA Court Gentry (Ryan Gosling), alias Sierra Six, a pour nom de code « Gray Man ». Recruté dans une prison fédérale, Gentry est un redoutable tueur à gages. Hélas, il est désormais la cible de Lloyd Hansen (Chris Evans), déterminé à le traquer pour l’éliminer…

Oubliable et déjà vu

The Gray Man est un film qui ne laissera pas grand souvenir. En effet, le film souffre d’une structure scénaristique on ne peut plus prévisible. L’histoire du super-agent qui découvre les méfaits de ses supérieurs et cherche à se venger. Un scénario déjà vu un nombre incalculable de fois. Il incombait donc aux scénaristes et réalisateurs de proposer une approche qui rende l’intrigue rafraîchissante. Mais ce n’est pas le cas. Le scénario est un enchaînement de péripéties qui s’enchaînent de manière très mécanique, sans âme. Du même acabit, l’écriture des personnages s’avère très pauvre, et peine à les caractériser.

Mais au-delà de cette écriture qui se contente du minimum syndical, le vrai problème du film se trouve dans sa réalisation. Les scènes d’action, attrait principal du long-métrage, sont, dans le meilleur des cas, passables. Et dans le pire des cas, complètement ratées.

Très peu lisibles, elles essaient, par de nombreux mouvements de caméra, d’amener du dynamisme et de la tension. Mais la sauce ne prend pas. La mise en scène peine à nous faire ressentir quoi que ce soit pour le personnage principal. Les nombreuses blessures qu’il subit pendant le film ne semblent pas affecter ses aptitudes de combat. On a donc l’impression d’être face à un superhéros, à qui il ne peut rien arriver. Ce qui réduit tout effort de tension dramatique.

Néanmoins, le film a un atout dans sa manche: Chris Evans et Ryan Gosling. Par leur jeu et leur charisme, il parviennent à rendre certaines séquences divertissantes et efficaces.

Après son visionnage, The Gray Man laisse perplexe. Un budget de 200 millions pour un tel résultat? Des scènes d’action confuses et un scénario au ras des pâquerettes… Le blockbuster des frères Russo est un film qu’on a l’impression d’avoir déjà vu un millier de fois… en mieux. Sitôt vu, sitôt oublié.