L’Innocence – Une affaire de points de vue – Critique

Dans L’Innocence, tout est une affaire de point de vue. Réalisé par Hirokazu Kore-Eda (Une affaire de famille), ce film japonais est sorti en salles à la fin du mois de décembre. S’il donne à première vue l’impression d’aborder des sujets comme l’enfance et le harcèlement scolaire, le long-métrage se révèle bien plus riche que cela.

L’Innocence raconte l’histoire de Minato, un jeune garçon. Son comportement devenant de plus en plus préoccupant, sa mère confronte l’équipe éducative de son école…

Au début du long-métrage, la caméra épouse le point de vue de la mère de Minato. Inquiète pour son fils, elle en vient à la conclusion que la source du problème serait son professeur, qui le maltraiterait. Mais très vite, le film va multiplier les points de vue impliqués dans cette histoire. Et chambouler la perception que le spectateur pouvait avoir de cette situation.

La multiplication des points de vue

Cette narration qui multiplie les points de vue rappelle Rashōmon (1950) d’Akira Kurosawa ou encore le bien plus récent Le Dernier Duel (2021) de Ridley Scott. À travers les perspectives de différents personnages, Hirokazu Kore-Eda construit un suspens particulièrement efficace. Un suspens marqué par l’ambiguité des nons-dits, qui impactent les perceptions de tous les protagonistes. Le film cultive le mystère et tient le spectateur en haleine.

Le scénario de Yūji Sakamoto est finement construit. À travers les multiples points de vue, il explore plusieurs fois les mêmes scènes, mais en y révélant toujours un aspect qui va nous amener à reconsidérer ce qu’on a vu auparavant. Au fil du film, le spectateur a l’impression de reconstituer un puzzle, où malentendus et faux-semblants se mélangent.

Au travers des différentes séquences, les personnages se développent et gagnent en complexité. À travers leurs failles, ils deviennent de plus en plus touchants. L’émotion du long-métrage est renforcée par la partition du compositeur Ryūichi Sakamoto, malheureusement décédé en avril dernier. Le film lui rend d’ailleurs hommage dans son générique.

L’Innocence de Hirokazu Kore-Eda est donc une réussite. Si le spectateur est tenu en haleine par une narration aux nombreux points de vue, il est également ému par des personnages complexes et touchants.