Un mois après la sortie de son excellent Le Dernier Duel, Ridley Scott revient (déjà) avec House of Gucci. Dans ce film, le réalisateur a pour ambition de raconter sur plusieurs décennies l’histoire de la famille Gucci, et des conflits qui ont émergé dans la gestion de l’entreprise du même nom. Avec Scott aux commandes, le projet semblait entre de bonnes mains. Malheureusement, le cinéaste se prend les pieds dans le tapis et livre un long-métrage oubliable.
House of Gucci commence au début des années 70, et retrace l’histoire passionnante de l’entreprise familiale Gucci. Parsemé de conflits et d’excès, ce récit retrace les parcours de différents personnages de la famille, des années 70 jusqu’au milieu des années 90. Entre relations familiales et professionnelles, cette famille s’auto-déchire lentement, au fil des ans. Et l’histoire se termine mal, avec l’assassinat d’un des membres de la famille…
Une histoire incroyable
Avant d’aller voir le film, je suis allé me renseigner sur la véritable histoire de la famille Gucci. Et, durant mes lectures, j’ai constaté une chose : cette histoire semblait faite pour le cinéma. Constitué de conflits, de trahisons et d’excès dans un univers de la mode toujours en évolution, ce récit avait de quoi constituer un film passionnant. De plus, avec Ridley Scott à la barre, on pouvait espérer du réalisateur qu’il amène une nouvelle ampleur au récit.
Malheureusement, House of Gucci a été pour moi une amère déception.
En pilote automatique
Comment une histoire aussi riche en retournements de situation et en conflits peut-elle être retranscrite aussi platement ? C’est la question que je me suis posé devant House of Gucci, alors que le long-métrage se déroulait devant mes yeux. Dès les premières scènes, le film semble se traîner en longueur, passer d’une séquence à l’autre sans arriver à créer la moindre dramaturgie. Le long-métrage souffre d’un énorme problème de rythme, qui ne s’arrangera pas sur la durée. Le problème vient aussi de personnages très peu développés et d’enjeux très superficiels. Comme le film parvient jamais à décoller, il ennuie.
Le plus frustrant, c’est que le long-métrage tente d’aborder de nombreuses thématiques, mais ne prend pas le temps de les traiter. Par exemple, le film tente de parler du rapport de ses personnages à la richesse et au pouvoir, ou des conflits entre la nouvelle génération et l’ancienne génération. House of Gucci lance donc de nombreuses pistes, mais ne se préoccupe pas de les creuser.
Si le scénario est bancal, est-ce que la réalisation de Ridley Scott rattrape le coup en proposant des images marquantes ? Eh bien, pas vraiment. Elle semble avoir été exécutée en pilote automatique. Les idées visuelles sont très peu nombreuses, Scott se contentant de filmer des dialogues en champs-contrechamps. La photographie de Dariusz Wolski, très grise et terne, est désespérément quelconque. Bien sûr, il y a quelques compositions de plans très réussies, mais elles sont bien peu nombreuses sur les 2h37 de durée du film.
Un bon casting, à une exception près…
Dans House of Gucci, le casting est une des forces du film. Scott s’est bien entouré et peut compter sur les performances d’Adam Driver, d’Al Pacino, de Jeremy Irons. Mais celle qui tire son épingle du jeu est Lady Gaga, qui incarne à la perfection l’un des personnages-clés du film.
Cependant, le casting contient un mouton noir. Il s’agit de Jared Leto, qui interprète sans finesse aucune l’un des membres de la famille Gucci. Constamment dans le surjeu, Leto rend impossible toute scène dramatique, tellement il en fait des caisses. L’acteur semble jouer dans un autre film que le reste du casting. Cependant, la performance de Leto est un des seuls grains de folie du film, à tel point qu’on attend son apparition suivante pour voir jusqu’où le comédien va aller. Paradoxalement, c’est peut-être la performance la plus divertissante du film, malgré sa grossièreté.
Au final, House of Gucci est une grande déception. Malgré son casting cinq étoiles, le film se perd dans un récit laborieux, qui ne donne jamais l’impression de décoller et ne crée aucun impact émotionnel. Avec une mise en scène peu inspirée, le long-métrage semble se traîner, et ennuie. Dommage pour l’histoire de Gucci, qui semblait faite pour le cinéma…
Fiche technique du film
Titre : House of Gucci
Genres : Biopic, Drame
Réalisateur : Ridley Scott
Scénaristes : Becky Johnston, Roberto Bentivegna, d’après le livre The House of Gucci: A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed de Sara Gay Forden
Acteurs : Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jared Leto, Jeremy Irons, Salma Hayek
Photographie : Dariusz Wolski
Musique : Harry Gregson-Williams
Durée : 2h37
Date de sortie : 24 novembre 2021