En 1977, Des files d’attente se formaient devant les cinémas. Les spectateurs étaient impatients de découvrir un film leur promettant une escapade dans une autre galaxie: Star Wars. Le film de George Lucas fut un tel succès qu’il amena à la création d’une grande saga. Plus de quarante ans plus tard, cette franchise déchaîne toujours les passions. Sorti le mois dernier dans nos salles, le neuvième opus, L’Ascension de Skywalker, va marquer la conclusion d’une saga qui a connu ses hauts et ses bas, fédérant et divisant tour à tour les spectateurs.
L’histoire de la saga, composée de neuf films (sans compter les spin-offs), suit les aventures de la famille Skywalker. L’intrigue se divise en différentes trilogies:
- La trilogie originale (1977-1983)
Dans ses trois films, nous suivons le jeune Luke Skywalker dans sa lutte contre l’Empire, un régime oppressant la galaxie, et le redoutable Dark Vador. Cette trilogie est vite devenu culte. - La prélogie (1999-2005)
Le personnage de Dark Vador, devenu un méchant iconique du cinéma, voit son passé exploré dans ce préquel à la trilogie originale. La prélogie reçut un accueil très mitigé, divisant le public. - La postlogie (2015-2019)
Cette trilogie se situe après les événements de la trilogie originale et fait l’objet de cet article.
L’annonce de la postlogie
En 2012 intervient un événement historique pour la franchise Star Wars: Disney rachète Lucasfilm, la compagnie de George Lucas, ainsi que les droits des films Star Wars et Indiana Jones, pour 4 milliards de dollars.
On annonce une nouvelle trilogie (la postlogie), dont les événements doivent se dérouler après la trilogie originale. Le premier film voit sa sortie fixée en décembre 2015. Cependant une question reste en suspens: quels sont les plans de Disney pour le futur de la saga Star Wars?
Un univers, une infinité de visions
Star Wars est une franchise qui a tellement grandi dans l’imaginaire collectif que les spectateurs se sont au fil du temps faits leur propre vision de ce qu’elle représente. La saga a été regardée par plusieurs générations qui ont perçu les films différemment. Du coup, au fur et à mesure que les films sortaient (notamment au moment de la prélogie), le public s’est retrouvé divisé, ne retrouvant pas forcément ce qu’il aimait en premier lieu dans les précédents films.
Très attendue par le public, cette nouvelle trilogie devait relancer la saga Star Wars au cinéma. La prélogie ayant reçu un accueil beaucoup moins bon que la trilogie originale, Disney se devait de fédérer les spectateurs conquis par l’une ou l’autre des trilogies précédentes. La compagnie avait à respecter l’héritage des précédents films mais aussi à proposer de la nouveauté. Un équilibre compliqué, qui sera un des enjeux de cette postlogie.
Star Wars: Le Réveil de la Force (2015)
Pour Disney, une question compliquée se posait: comment relancer la saga? J.J. Abrams, réalisateur de ce septième épisode, répond à la question avec un concept: le legacyquel.
Il s’agit d’un film continuant une saga qui voit le retour d’anciens personnages iconiques pour passer le flambeau à une nouvelle génération. Le but est donc remettre au goût du jour une franchise avec la notion d’héritage, en créant de nouveaux protagonistes qui seront guidés par les vieux.
Ce passage de flambeau est une idée très récurrente à Hollywood. Dans le meilleur des cas, le legacyquel peut permettre de renouveler le propos d’une histoire, comme avec le film Creed. Dans le pire des cas, cela peut donner un film qui ne se donne comme objectif que de rappeler aux spectateurs ce qu’ils ont déjà vu, comme avec Terminator: Dark Fate (lire la critique ici).
Le concept du legacyquel permet donc de fédérer le public grâce à la nostalgie, en intégrant à l’histoire des éléments évoquant la trilogie originale – de laquelle les gens ont un bon souvenir – et de commencer une nouvelle histoire avec de nouveaux personnages.
30 ans après les événements de la trilogie originale, le Premier Ordre, une organisation armée, menace d’oppresser toute la galaxie. Il est donc temps pour une nouvelle génération de héros de continuer le combat que leurs aînés avaient autrefois mené…
Un héritage assumé
Le Réveil de la Force se présente comme l’héritage de la trilogie originale, célébrant le passé avec passion. Le film bénéficie d’excellents effets spéciaux, qui magnifient les nombreux décors du long-métrage. La réalisation de J.J. Abrams est très dynamique et ancre Star Wars dans un Hollywood plus moderne. Si revoir les anciens personnages est un plaisir, les nouveaux venus deviennent également très vite attachants et nous donnent envie de suivre leurs aventures.
Mais derrière ces qualités viennent s’ajouter plein de défauts.
Le côté legacyquel du film sert principalement à multiplier les moments nostalgiques plutôt qu’à commencer une nouvelle histoire. En effet, l’intrigue du film se rapproche beaucoup trop de celle de l’épisode 4. De ce fait, cet opus manque cruellement de nouveautés et de surprises. Les nouveaux personnages, bien que très attachants, ne sont que peu développés, le film se focalisant trop sur l’action.
Le film se voit donc plus comme un hommage à la trilogie originale que comme une vraie suite à la saga. Si J.J. Abrams distille un mystère qui donne envie de voir les films suivants, Le Réveil de la Force se révèle être un film avec peu de prises de risques. Tout repose donc sur les films suivants pour développer une nouvelle histoire.
Star Wars: Les Derniers Jedi (2017)
Pour ce huitième opus, Rian Johnson, réalisateur du récent À Couteaux Tirés (lire la critique ici), succède à J.J. Abrams à la réalisation.
Le film démarre sur les chapeaux de roues. La Résistance est attaquée par le Premier Ordre et n’a d’autre choix que de fuir dans une course-poursuite spatiale désespérée…
Ce film est sûrement mon préféré de toute la saga. Après Le Réveil de la Force, qui proposait peu de nouveautés et se reposait sur les acquis de son univers, je voulais de la surprise et de la nouveauté. C’est ce que j’ai eu avec Les Derniers Jedi.
Visuellement, Ce huitième épisode est magnifique. La réalisation, truffée d’idées, enchaîne les plans mémorables.
Si Le Réveil de la Force était une célébration du passé, jouant beaucoup sur la nostalgie, Les Derniers Jedi se permet de remettre en cause les fondements de la saga. Pour cela, les personnages, séparés dans différentes missions, vont se retrouver plongés dans des situations périlleuses, de manière à les faire évoluer et à les bousculer dans leur perception des choses. Aucun protagoniste ou antagoniste ne sera épargné par les événements. Les rebondissements s’enchaînent, faisant monter la tension.
Le film prend son temps pour mettre en place son intrigue et développer les protagonistes et antagonistes. Les acteurs, impliqués, sont au sommet de leur art, donnant à leur personnages plus de profondeur.
Des thématiques renouvelées
Dans ce film, il est question de personnages qui doivent s’affranchir du passé, et arrêter de lui vouer une adoration aveugle pour se focaliser sur leur futur, qu’ils devront se créer, en dehors de l’influence de leurs prédecesseurs.
Tout au long de leurs missions, les personnages subissent de cuisantes défaites, desquels ils vont devoir apprendre et s’améliorer. L’échec est une thématique principale du film et transmet un message clair: l’échec est le meilleur des maîtres et une chose nécessaire pour se remettre en question et devenir meilleur.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Pour faire avancer son histoire, le film a recours à un bon nombre de facilités scénaristiques. Le rythme se montre à certains moments très inégal à cause d’un grand nombre d’intrigues à traiter.
Les Derniers Jedi est un film qui m’a rassuré sur l’avenir de Star Wars. Après le peu de nouveautés du septième opus, le huitième m’a montré que la saga pouvait, en se lançant vers des horizons moins familiers, perdurer encore et encore.
Un violent backlash
Après sa sortie, Les Derniers Jedi a créé un mécontentement prononcé auprès de certains spectateurs, à tel point que certains membres de l’équipe de production se sont retrouvés harcelés sur les réseaux sociaux. Ces réactions mécontentes pointaient de nombreux éléments du film, comme le scénario, le traitement des personnages ou encore la direction dans laquelle semblait partir la saga. Le film a rapporté moins d’argent que son prédécesseur et a divisé le public de façon radicale, en faisant le long-métrage le plus clivant de la saga entière.
Star Wars: L’Ascension de Skywalker (2019)
Colin Trevorrow (Jurassic World), au départ choisi pour réaliser le neuvième épisode, quitte le projet à cause de différents créatifs. Il se voit remplacé au pied levé par J.J. Abrams.
Le réalisateur était sous pression. Le backlash de l’épisode huit a sûrement fait hésiter sur la direction à prendre. continuer dans les pas de son prédécesseur? Revenir à quelque chose de plus familier? Les enjeux de ce neuvième opus étaient conséquents. L’Ascension de Skywalker devait apporter une conclusion satisfaisante à la postlogie, ainsi qu’aux neuf films de la saga.
Un sinistre message traverse la galaxie. L’Empereur Palpatine serait de retour, avec à ses côtés une immense et redoutable armée. Une ultime bataille entre le Premier Ordre et la Résistance décidera de l’avenir de la galaxie…
Je suis sorti de ma séance cinéma avec des sentiments mitigés concernant le film. Après avoir pris un peu de recul, ce neuvième épisode apparaît comme une déception. Le long-métrage est plein de bonnes idées, mais leur exécution fait défaut.
Un rythme trop rapide
Dès le départ, tout semble précipité. Sans perdre de temps, L’Ascension de Skywalker installe avec approximation de nouveaux enjeux, à l’aide d’énormes facilités scénaristiques.
J.J. Abrams, dans une volonté d’emmener le spectateur au coeur d’une aventure rythmée, fait voyager les personnages à travers différents environnements.
Visuellement assez créatif, le film multiplie les scènes d’action. Malheureusement, peu arrivent à briller, la faute à un montage trop précipité, qui ne laisse pas le temps à une atmosphère de s’installer. Cela dit, le spectacle visuel est assuré, en mettant plein la vue au spectateur, avec d’excellents effets spéciaux .
Si le film commence plutôt mal, il devient plus intéressant vers sa moitié, quand il décide de prendre un peu de temps pour le développement de ses personnages. Celui-ci permet au spectateur de souffler.
Un scénario hésitant
Le gros problème du long-métrage provient de son scénario. Tiraillé entre de nombreuses contraintes, le film hésite sur ce qu’il veut raconter et tâtonne dans différentes directions. Le film semble être fait pour ne prendre que peu de risques. Il en résulte un sentiment de manque d’enjeux, car L’Ascension de Skywalker a tendance à très souvent désamorcer les enjeux de son intrigue. Le rythme trop rapide du film rend la chose encore pire, ne laissant pas le temps au spectateur de croire à une situation avant de la résoudre.
L’influence des réseaux sociaux
Les plaintes sur les réseaux sociaux semblent avoir eu de l’influence sur l’écriture du film, car celui-ci passe un certains à « corriger » certains éléments du huitième épisode. Il en récupère tout de même certains concepts aimés du public et les pousse plus loin. Cela donne l’impression désagréable d’un long-métrage cherchant à répondre aux détracteurs des épisodes précédents en les brossant dans le sens du poil.
L’ascension de Skywalker offre une expérience de visionnage très frustrante. Entre de bonnes idées et une exécution très discutable, le déroulé du film évoque un peu des montagnes russes. Parmi des scènes trop rapides pour fonctionner, d’autres très bonnes séquences insèrent des concepts et idées qui fonctionnent très bien, avant de retomber sur d’autres scènes à l’exécution très pauvre.
Conclusion
Maintenant qu’elle a pu être vue dans son intégralité, cette trilogie produite par Disney se révèle très inégale. Elle se retrouve coincée entre l’envie de faire de la nostalgie et celle de renouveler la saga. La trilogie hésite constamment. Le Réveil de la Force se repose beaucoup sur la nostalgie, Les Derniers Jedi lance des pistes de renouvellement, mais L’Ascension de Skywalker, dans une volonté de tenter de satisfaire le maximum de spectateurs, tente de concilier les deux sans vraiment réussir. Le problème vient d’un manque de planification dans l’intrigue de la trilogie. Les visions des réalisateurs, très différentes, se confrontent dans chacun des films. Cela ajoute à l’aspect très déstructuré de cette postlogie. Une trilogie en dents de scie donc, dont le point d’orgue restera pour moi Les Derniers Jedi, que j’ai adoré.
Et ensuite?
Avec une franchise aussi lucrative que Star Wars sous la main, Disney n’est pas prêt à ranger les sabres laser au placard. Si l’histoire de la famille Skywalker est terminée, l’univers Star Wars est tellement grand que les possibilités de nouvelles histoires sont infinies. Le récent lancement de la série télévisée The Mandalorian semble avoir convaincu le public et montre l’attrait toujours existant pour cette licence. Bien des projets sont en cours de réflexion chez Lucasfilm. Je suis curieux de voir quelle direction la saga va prendre à l’avenir.