Arthur (Charlie Hunnam) est un jeune homme qui a grandi avec peu de moyens dans les rues de Londinium. Sa vie va changer le jour où il va sortir l’épée Excalibur de son rocher. Il va alors mener une lutte pour renverser le tyran au pouvoir (Jude Law) pour obtenir son titre légendaire de roi.
Depuis des années, Warner Bros avait pour projet de produire un film sur le roi Arthur. Le but sur le long terme était de lancer avec ce long-métrage une franchise basée sur les mythes arthuriens.
De nos jours, beaucoup de studios tentent de lancer de grosses franchises et des univers partagés, avec beaucoup de personnages, et donc avec beaucoup de films et d’argent à la clé. Quand on voit la prospérité de Disney/Marvel avec leur univers superhéroique qui leur rapporte des milliards, il n’y a rien d’étonnant à voir d’autres studios se pencher à leur tour sur cette option.
Mais pour créer une franchise, il faut déjà sortir un premier film qui aura la lourde tâche de convaincre le public de revenir voir les suites. C’était donc un plan ambitieux que le studio voulait mettre en marche.
Une production compliquée
Mais le projet a mis du temps à démarrer, à cause de changements de directions fréquents dans l’écriture du projet. Plusieurs choix de casting, de réalisateurs et de scénaristes se sont succédés, sans que le studio ne soit assez convaincu pour autoriser le futur film à rentrer en production. Devant l’ampleur du projet et son coût très élevé, Warner Bros a petit à petit laissé le projet sombrer dans un developpment hell de plusieurs années.
Cependant, en 2013, le projet a été relancé par l’arrivée de Guy Ritchie. Ce cinéaste britannique, dont la carrière cinématographique est constituée notamment de deux très bons films Sherlock Holmes, a eu une idée de la direction à prendre pour le film, et en a discuté avec Warner. L’idée en question était de raconter l’arrivée d’Arthur sur le trône en montrant sa jeunesse, passée à la rue. Après quelques compromis, le studio a accepté, et Ritchie a tourné son film en 2015.
Mais, lors de projections tests, le film est conspué par le public. Inquiet de la désastreuse réception du métrage, Warner a demandé au réalisateur de tourner d’importants reshoots. Le but était de « rendre le film plus attrayant » pour le grand public, et corriger ses erreurs.
En 2017, le film sort finalement en salles. Il fait un gros flop au box-office, le public ne semblant pas accrocher à la vision de la légende du roi Arthur proposée par Guy Ritchie.
Une très bonne surprise
Au vu des bandes annonces, qui ne vendent pas forcément très bien le film, je suis allé le voir car j’aime beaucoup les films de Guy Ritchie. Je suis donc entré dans le cinéma en m’attendant à voir un film pas terrible, remonté dans tous les sens, à la façon d’un certain Suicide Squad. En sortant de la séance, deux heures plus tard, un grand sourire sur les lèvres, je me suis dit que je venais de voir un film dont je n’aurais pas voulu manquer la projection.
Le Roi Arthur: la légende d’Excalibur est un film qui vaut sérieusement le détour. Et pour plusieurs raisons. Les scènes d’actions, complètement démentielles et démesurées, avec des effets spéciaux réussis, sont à couper le souffle. Elles sont très bien menées et font vraiment plaisir à voir. Je recommande même d’aller visionner le long-métrage en 3D. Celle-ci apporte pour une fois vraiment quelque chose au long-métrage, rendant l’action encore plus impressionnante.
Les personnages sont plutôt bien écrits, même s’ils ne sont pas vraiment développés. Leurs motivations sont claires, et le long-métrage n’aurait pas forcément besoin de plus les développer, à l’exception du méchant, qui aurait mérité d’avoir un rôle plus approfondi. C’est un film très généreux dans ce qu’il propose, autant au niveau de l’action que des relations entre les personnages, qui contiennent certains dialogues très savoureux.
Une légende modernisée
Beaucoup de personnes se demandent sûrement si le film adapte d’une bonne manière la légende du roi Arthur. Je ne peux pas répondre à cette question, étant moi-même très peu familier avec ces mythes. Mais je trouve que la modernisation de cette histoire est très intéressante.
Le fait de montrer au début du film le quotidien du jeune Arthur dans les rues de Londinium dévoile une facette du personnage qui n’a jamais vraiment été abordée. Nous montrer cette icône britannique faire son « dealer des rues » nous explique comment le personnage a gagné son influence parmi le peuple. Ça permet de mettre en lumière un aspect important: Si Arthur est un si bon roi par la suite, c’est parce qu’il a appris pendant sa jeunesse à connaître le peuple, et à s’en occuper. C’est une idée qui a du sens dans une origin story sur le personnage.
La réalisation et les effets spéciaux magnifiques nous aident à nous plonger dans un univers fascinant, où cohabitent magie et créatures étranges. L’excellente bande originale, composée par Daniel Pemberton, propose des thèmes très mémorables, qui me sont restés en tête des heures après avoir vu le long-métrage. L’OST nous emmène dans cet univers où se mélangent modernité et mythologie.
Le casting est très bon. Mention spéciale à Charlie Hunnam, qui incarne un jeune Arthur charismatique, déterminé à atteindre ses objectifs.
Malgré tout, le film a des défauts. Il s’ouvre sur une énorme scène de bataille, qui, si elle est très impressionnante, rend la narration du film très confuse. L’univers est du coup assez mal présenté, ce qui est dommage, car c’est à ce moment-là qu’on nous explique quelques-unes de ses bases. Certains éléments sont très survolés, là où un peu de développement aurait été le bienvenu.
Plusieurs films en un seul
Le Roi Arthur: la légende d’Excalibur est un long-métrage qui a été remonté plusieurs fois après les reshoots, ce qui se sent à certains moments du métrage. Le film, exploitant plein d’ambiances, de thèmes et de tons très différents les uns des autres, n’arrive pas toujours à bien les accorder entre eux, ce qui fait que certaines scènes peuvent tomber à plat. Les reshoots ont indéniablement laissé leur marque sur le film. Ce qui est intéressant quand on regarde le long-métrage, c’est qu’on peut voir trois films bien différents qui essaient de cohabiter en un seul.
Le premier est un film plutôt street level, avec les aventures rurales d’Arthur. Le deuxième est un long-métrage d’heroic fantasy, avec un énorme univers fantastique et de la magie. Le troisième est un film qui pose les bases d’un univers partagé pour une franchise sur le roi Arthur.
Ces trois films, très différents les uns des autres, ont été montés en un seul. Ce qui est très impressionnant, c’est de voir à quel point le mélange entres ces différentes idées marche au final assez bien, en proposant un long-métrage plutôt original, qui ose prendre des risques. Une excellente surprise et un bon film au final, malgré ses défauts. J’ai rarement pris autant de plaisir devant un film cette année. C’est d’ailleurs dommage de le voir se planter. J’aimerais bien voir une franchise se construire avec ce long-métrage comme base. Vous l’aurez compris, Le Roi Arthur: la légende d’Excalibur a été un coup de coeur pour moi, je vous le recommande donc chaudement.
Fiche d'informations du film
Titre : Le Roi Arthur: La Légende d’Excalibur
Titre original : King Arthur: Legend Of The Sword
Genres : Fantastique, Action, Aventure
Réalisateur: Guy Ritchie
Scénaristes : Joby Harold, Guy Ritchie, David Dobkin, Lionel Wigram
Acteurs : Charlie Hunnam, Jude Law, Astrid Bergès-Frisbey
Photographie : John Mathieson
Musique : Daniel Pemberton
Durée : 2h06
Date de sortie : 17 mai 2017