Sam Mendes est un réalisateur que j’aime beaucoup. Fort d’une carrière dans le théâtre, ce metteur en scène britannique s’est ensuite tourné vers le cinéma, ce qui lui a permis de réaliser des films aux genres très différents. Il est notamment connu pour avoir mis en scène le génial American Beauty (1999). Plus récemment, son nom s’est retrouvé associé à la franchise James Bond, car il a réalisé l’excellent Skyfall (2012) et le plutôt décevant Spectre (2015).
En ce début d’année 2020, le cinéaste est de retour avec 1917, un film de guerre inspiré des histoires que son grand-père, soldat de la première guerre mondiale, lui racontait.
Dans la chaos de la Première Guerre mondiale, deux jeunes soldats britanniques sont chargés d’entreprendre une mission particulièrement périlleuse. Ils doivent traverser les lignes ennemies pour transmettre un message à un bataillon britannique isolé. Celui-ci s’apprête à lancer une attaque contre les allemands, ce qui le ferait tomber dans un piège mortel. La vie de 1600 soldats dépend de ce message. Une course contre la montre commence…
Derrière son intrigue assez classique, les choix de réalisation de Sam Mendes amènent une proposition des plus alléchantes: un film de guerre tourné en un seul (faux) plan-séquence.
L’art du plan-séquence, ou du faux plan-séquence
Le plan-séquence est une technique cinématographique qui consiste à filmer l’action d’une séquence en temps réel, sans coupe ou effet de montage. Tourner de cette façon est très compliqué, car le réalisateur ne peut pas se reposer sur le montage pour construire sa scène.
Dans ce contexte, le long-métrage de Sam Mendes n’a pas été tourné en un seul plan. 1917 est ce qu’on peut appeler un faux plan-séquence. Le film se divise en plusieurs longues scènes, tournées en plans-séquences. Ensuite, la magie du montage prend le relais et les assemble pour que le tout ressemble à un plan-séquence unique.
Tourner en plan-séquence est une prouesse technique souvent acclamée par le public et les critiques. Mais le risque de ce parti pris est de perdre de vue l’émotion de l’histoire à raconter. Du coup, même si le fait que 1917 soit tourné en plan-séquence était une promesse d’un spectacle époustouflant, l’utilisation de la technique risquait aussi d’amoindrir l’impact émotionnel du long-métrage.
Une immersion mémorable
Au final, 1917 s’avère être une expérience de cinéma prenante et marquante.
Dès le début, le spectateur se retrouve plongé dans un univers où la guerre et le chaos règnent.
La réalisation est incroyable de virtuosité, la caméra se frayant un passage dans les différents environnements pour suivre les aventures des deux protagonistes dans leur dangereuse mission. Le plan-séquence, très prenant, donne l’impression d’être piégé, comme les soldats, dans cette guerre qui n’a pas de fin. Cela renforce également la tension, le danger ne se trouvant jamais très loin. Cette technique permet d’explorer plus en profondeur les environnements que les soldats traversent, dans leur beauté comme dans leur horreur. Le film est sublimé par une photographie magnifique qui offre plein de visuels marquants. L’immersion, renforcée par la très bonne bande originale de Thomas Newman, est donc totale.
Si le défi technique du plan-séquence est relevé haut la main, Sam Mendes n’en oublie pas la dimension émotionnelle de son histoire. Pendant le voyage des personnages, il s’évertue à les confronter aux horreurs de la guerre. Dans ce parcours, les personnages se révèlent très touchants et humains, portés par d’excellents acteurs.
Avec 1917, on peut dire que l’année 2020 connaît un très bon départ. La virtuosité du plan-séquence, la justesse des acteurs, la musique, l’immersion et l’émotion… Tous ces éléments procurent une expérience qu’il est impératif de vivre dans les salles de cinéma.
Fiche d'informations du film
Titre : 1917
Genres : Guerre, Drame
Réalisateur : Sam Mendes
Scénaristes : Sam Mendes, Krysty Wilson-Cairns
Acteurs : George MacKay, Dean-Charles Chapman, Mark Strong
Photographie : Roger Deakins
Musique : Thomas Newman
Durée : 1h59
Date de sortie : 15 janvier 2020