Tu Ne Tueras Point – L’enfer de la guerre – Critique

Tu Ne Tueras Point raconte l’histoire vraie de Desmond Doss (Andrew Garfield), un soldat américain qui a voulu s’engager dans l’armée pour combattre les japonais suite à l’attaque de Pearl Harbor. Le problème, c’est qu’il se refuse à tuer quelqu’un de sa propre main. Il va donc devoir se battre pour faire valoir ses compétences sur le champ de bataille, sans aucune arme…

Le retour de Mel Gibson

Après avoir vu ce Tu Ne Tueras Point, je peux dire que je suis très content que Mel Gibson se soit remis à la réalisation de films.
Acteur célèbre et cinéaste reconnu, il a cependant mal tourné au fil des ans. Son addiction à l’alcool et ses propos religieux extrémistes lui ont valus de perdre petit à petit son public, aussi bien en tant qu’acteur qu’en tant que réalisateur. Apocalypto, long-métrage réalisé par Gibson, est sorti en 2006 et a fait un énorme flop au box-office, mettant un frein à ses ambitions cinématographiques pour plusieurs années. Il a donc fait une longue traversée du désert, jouant dans des films qui n’ont pas retenu l’attention du public.  

Mais, en novembre 2016 (et en février 2017 en Suisse) est sorti Tu Ne Tueras Point. Ce long-métrage a marqué le retour de Gibson en tant que réalisateur dans le milieu hollywoodien. Plus tôt en 2016, il avait déjà fait son retour en tant qu’acteur dans le film Blood Father.

Deux parties très différentes

J’ai beaucoup aimé Tu Ne Tueras Point. C’est un film très puissant qui m’a pris aux tripes, surtout dans sa seconde moitié. Le long-métrage est monté sur une structure en deux parties qui, si elle peut sembler au départ très classique, se révèle très efficace et très poignante émotionnellement.  

Dans la première partie du film, nous apprenons à connaître les personnages, le tout sur un contexte de début de guerre pour l’Amérique, après l’attaque de Pearl Harbor. Les hommes se portent donc volontaires pour partir au combat. C’est ce que veut faire Desmond Doss, mais ses convictions jouent contre lui, car il ne veut tuer personne de sa propre main, pas même des ennemis. Il se sent cependant obligé de faire quelque chose, car il ne veut pas laisser les autres se battre pour lui. La première moitié du film aborde donc la vie de Doss, sa romance avec une infirmière (Teresa Palmer), et son combat pour se faire accepter dans l’armée malgré ses convictions. Ce premier segment du film était, à mon goût, un peu lourd et niais, avec beaucoup de scènes d’exposition, mais se justifie totalement quand on a vu la deuxième moitié du long-métrage.

Dans celle-ci, c’est la guerre. Il y a un gros contraste entre les deux parties, car là où la première était assez lente et plutôt calme, la seconde est très mouvementée et violente. Mel Gibson filme les combats entre les américains et les japonais à Hacksaw Ridge avec un réalisme bluffant, nous montrant les horreurs vécues par les soldats avec beaucoup de succès. Dans cet enfer où explosent les mortiers et où les tirs d’armes claquent, nous suivons Desmond Doss en tant qu’aide soignant, occupé à essayer de sauver des hommes blessés.    

C’est là que la première partie, malgré sa longueur, prend tout son sens. Le développement fait autour des personnages nous a montré à quoi ils tiennent, et quels sont les enjeux de leur survie. Il était donc nécessaire pour nous faire comprendre ce qui allait motiver ces soldats à se battre dans un milieu chaotique et meurtrier. C’est le moment où le film devient très émouvant, car nous comprenons les motivations des personnages et leur envie de se battre, ou de tourner le dos à la guerre. Avoir pris le temps de développer les personnages rend leurs combats plus intéressants et plus touchants. Cette deuxième partie m’a vraiment secoué émotionnellement, notamment par la mort violente de certains personnages qu’on avait appris à connaître dans la première partie, mais également par le combat que ces soldats mènent pour rester en vie devant des tirs ennemis incessants.

Un message de paix

Le film transmet donc un fort message pacifiste, appuyant le fait qu’on peut réaliser des miracles sans recourir à la violence. Mais, par dessus tout, Tu Ne Tueras Point porte un message de tolérance. Laissez les gens croire en ce qu’ils veulent. Même si ce que le film essaye de transmettre peut paraître un peu niais, cette morale fonctionne très bien après que Gibson ait bien illustré la violence de la guerre à l’écran. J’aime beaucoup ce message plutôt optimiste qui montre qu’il y a d’autres moyens que les armes pour aider à régler un conflit.   

Le casting est excellent, Desmond Doss étant incarné par un Andrew Garfield en très grande forme. La musique du film, signée Rupert Gregson-Williams, accompagne très bien le long-métrage, ponctuant avec puissance les scènes de bravoures et de romances.     

Je vous recommande donc d’aller voir Tu Ne Tueras Point. C’est pour le moment l’un des meilleurs de 2017.