À quoi reconnaît-on un film de Guy Ritchie ? À cette question, plein d’éléments de réponses existent. Des intrigues scénaristiques qui s’entrecroisent, un montage survitaminé, des personnages hauts en couleur, des ralentis, de la voix-off… Le cinéma de Guy Ritchie est facilement identifiable, ce qui n’est pas quelque chose d’évident. Certains cinéastes passent leur carrière entière à chercher leur marque de fabrique. D’autres, comme Ritchie, trouvent leur style dès le début et peuvent proposer directement des films bien singuliers.
Ce réalisateur britannique a commencé sa carrière avec deux films qui l’ont amené vers le sommet: Arnaques, Crimes et Botaniques (1998) et Snatch (2000). Deux films de gangsters, où l’on voit des groupes de criminels qui mènent leurs affaires, jusqu’à ce qu’ils finissent par se croiser, faisant dégénérer la situation…
Après ces succès, la carrière de Ritchie a ensuite essuyé des coups durs. À la dérive, un film avec Madonna (son épouse de l’époque) dans le rôle titre, connaît un échec retentissant. Le réalisateur va alors revenir aux films de Gangsters avec Revolver (2005) et Rocknrolla (2008), avec plus ou moins de succès, malgré une formule qui commence à se répéter.
Au service d’Hollywood
À partir de 2009, la carrière de Guy Ritchie prend un autre tournant. C’est le moment où le cinéaste va se mettre au service de studios hollywoodiens.
Le réalisateur enchaîne donc les projets de commande. Malgré le moule dans lequel les studios hollywoodiens le mettent, Ritchie continue de réaliser des films très intéressants et divertissants, tout en gardant sa marque de fabrique et ses obsessions. Après deux bons films Sherlock Holmes, le cinéaste enchaîne avec l’excellent Agents très spéciaux (2015). Son film suivant, le très divertissant Le Roi Arthur: La légende d’Excalibur (2017), connaît une production très difficile pour au final se planter au Box Office (Lire la critique ici). Après cet échec commercial, il part chez Disney pour réaliser Aladdin (2019), remake live du film d’animation original, devant lequel on ne s’ennuie pas, mais derrière lequel Ritchie semble plutôt effacé. La question se pose alors: le réalisateur s’est-il perdu dans le moule pesant des productions hollywoodiennes?
Le retour aux sources
Ce début d’année 2020 voit le cinéaste revenir à ses premiers amours: les films de gangsters. The Gentlemen semble donc vouloir tourner la page sur son chapitre hollywoodien pour revenir à la source de son cinéma. Pari réussi ?
Le film suit Michael Pearson, un imposant baron de la drogue. Après avoir bâti un grand empire, il cherche à se retirer de ce milieu. Mais cette nouvelle va créer une véritable guerre, incitant ses ennemis à comploter pour récupérer la position de leader de Pearson…
The Gentlemen est un film extrêmement divertissant, qui voit Guy Ritchie faire son retour en grande forme.
Dans The Gentlemen, tous les éléments qui ont fait le succès de Arnaques, Crimes et Botannique et Snatch sont présents. Le scénario du film, raconté de façon non-linéaire, suit plusieurs gangsters dans leurs opérations et magouilles. Tout l’intérêt du long-métrage va être de découvrir qui est derrière toutes les magouilles contre Michael Pearson. Pour rendre le concept plus divertissant, Ritchie travaille beaucoup le point de vue qu’il offre au spectateur, à travers la multitude de personnages du film. Le fait de n’avoir qu’un seul point de vue à la fois (et donc une seule partie des informations) permet au réalisateur de créer des retournements de situations surprenants. De cette façon, la manipulation auxquelle les protagonistes comme les antagonistes sont confrontés est directement illustrée.
Les obsessions de Ritchie
Dans ce film, Guy Ritchie reprend ses gimmicks habituels. Le montage est très dynamique, les scènes de dialogues sont marquantes et amusantes, se transformant souvent en joutes verbales. Les acteurs ne sont pas en reste et livrent tous de très bonnes performances, incarnant pour la plupart des personnages très excentriques. Tous délivrent avec verve les dialogues de Ritchie.
The Gentlemen trouve aussi sa force dans la gestion de son ton. Le film arrive avec brio à équilibrer les scènes de comédie avec celles de suspense et de drame. Le bon dosage entre la violence et l’humour donne un long-métrage qui parvient à rester très divertissant et léger.
The Gentlemen est donc un très bon film que je recommande chaudement. Le divertissement est complet, assuré par un scénario jamais à court de twists, des acteurs impliqués et un montage survitaminé. Guy Ritchie est de retour, et le résultat en vaut la peine.
