Impossible de parler de Terminator sans parler de James Cameron. Ce cinéaste, acclamé pour plein de films (Titanic, Avatar, Aliens), est la personne qui a lancé cette franchise aujourd’hui culte.
En 1983, James Cameron n’était que peu connu. Sa première réalisation de long-métrage, Piranha 2 – Les Tueurs volants, avait été une extrêmement mauvaise expérience pour lui, avec un tournage désastreux. Les temps étaient durs et Cameron craignait qu’après ce raté, les portes des studios de cinéma ne lui soient fermées.
La genèse d’une franchise
Une nuit, alors qu’il était malade, il fit un rêve dont il garda une image: un squelette sortant des flammes. Cela lui inspira le concept du Terminator, un robot conçu pour traquer toute forme de vie. Il écrivit ensuite le script du film et put le mettre en scène.
En 1984 sortit Terminator. Le film raconte l’histoire de Kyle Reese, un soldat vivant dans un futur où le monde a été dévasté par les machines, contrôlées par un programme appelé Skynet. Pour se débarrasser du chef des résistants, John Connor, l’entité décide d’envoyer un Terminator dans le passé pour tuer sa mère, Sarah Connor. Kyle Reese voyage à son tour dans le temps pour protéger à tout prix Sarah et assurer la survie de l’humanité dans le futur…
Le premier film, fort de son scénario de voyage dans le temps, deviendra culte dans le genre de la science-fiction et lancera une franchise. Avec une mise en scène fluide, efficace et prenante, Cameron montre des protagonistes se battre pour contrer la traque implacable d’un Terminator presque invincible et prêt à tout pour les tuer. Cette menace a marqué les esprits et figure dans le panthéon des méchants cultes du cinéma.
James Cameron a également réalisé et écrit le second film, Terminator 2: Le Jugement Dernier qui se révèle être encore meilleur que le premier.
Véritable apogée de la franchise, ces deux films restent aujourd’hui des oeuvres qui se regardent encore et toujours avec un grand plaisir.
Le départ de Cameron: une saga en péril?
Après les deux premiers films, Cameron part sur d’autres projets et laisse la saga à d’autres. À partir de ce moment, plusieurs suites, beaucoup moins appréciées, vont sortir au cinéma:
- 2003: sortie de Terminator 3: Le Soulèvement des Machines, un film plutôt divertissant mais peinant à apporter de la nouveauté.
- 2009: la saga se poursuit avec Terminator Renaissance. Plus ambitieux et intéressant que son prédécesseur, il a malheureusement été un échec au box office.
- 2015: relance de la machine avec Terminator Genisys, qui, en essayant de rebooter la franchise, s’est embourbé dans un scénario enchaînant les péripéties temporelles avec peu de cohérence. Cet opus prend vite le statut de pire film de la saga.
Après les résultats plutôt tièdes de Terminator Genisys au Box-Office et une réception critique très mauvaise, aucune suite directe n’a été lancée. Peu engageante sur le plan financier, la saga a été mise en pause.
Un nouveau projet
Quelques années plus tard, dans l’indifférence générale, un nouveau film est annoncé: Terminator: Dark Fate. Ce projet voit le retour de James Cameron en tant que producteur. La réalisation est confiée à Tim Miller (Deadpool). Le film est décrit comme une suite directe de Terminator 2, annulant donc les événements survenus après celui-ci. Sur le papier, le projet semblait plein de bonnes intentions. Une chance pour la franchise de repartir sur de bons rails?
Le principe des legacyquels
Terminator: Dark Fate fait partie d’un genre de suites plutôt particulier: les legacyquels. Ce terme évoque un film qui continue une franchise pré-existante où l’on fait revenir d’anciens personnages, dans le but de passer le flambeau à une nouvelle génération. L’idée est donc de revitaliser une saga par la notion d’héritage, avec les vieux protagonistes pour guider les nouveaux, du moins dans un premier temps.
Ce genre de suite pullule à Hollywood ces dernières années, notamment avec Star Wars: le réveil de la Force ou encore Tron: L’Héritage. Il est en effet plus facile pour les studios de relancer des franchises pré-existantes que de prendre le risque d’en créer de nouvelles. Malgré l’aspect très profitable de cette technique de relance, les legacyquels peuvent être un moyen intéressant de renouveler une histoire, comme a pu le montrer Creed, qui a remis en marche de façon intéressante la saga Rocky avec cette approche. Cependant, quand l’inspiration n’est pas là, cela peut aussi donner des films comme Dark Fate.
Terminator: Dark Fate applique le principe du legacyquel à la lettre, reprenant les anciens personnages de la saga, notamment Sarah Connor (Linda Hamilton) et le T-800 (Arnold Schwarzenegger). Puis vient se rajouter à ce groupe les jeunes personnages de la nouvelle génération.
Dans cette structure de legacyquel se trouve le problème du film: celui-ci reprend en grande partie l’intrigue et la structure des autres volets de la saga. Un personnage (cette fois-ci féminin), est poursuivi par un Terminator qui cherche à le tuer. L’histoire est donc à nouveau une traque. Peu surprenant dans son déroulé, le film enchaîne les péripéties déjà vues et ne sort à aucun moment des sentiers battus.
Une répétition de cycle peu inspirée
Si à la fin de Terminator 2, les protagonistes avaient réussi à empêcher un futur apocalyptique, tout est remis en cause dans Dark Fate lorsqu’on apprend qu’un avenir funeste les attend toujours, la faute à l’espèce humaine qui a encore créé une autre technologie qui va vouloir l’exterminer dans quelques années. L’idée est donc de montrer que la jeune génération est marquée par les mêmes problèmes que ses aînés et va à son tour devoir les affronter. Cette répétition de cycle est au départ une idée intéressante, car elle montre que l’être humain n’apprend pas de ses erreurs et répète les événements les plus atroces de son histoire. Malheureusement, cette idée de départ est aussi prétexte à simplifier le retour d’une licence en repompant le même scénario, ce qui est plus une facilité qu’un vrai parti pris.
L’écho venu du passé
De plus, de grosses facilités d’écritures vont intervenir à différents moments du film pour faire avancer l’intrigue. De leur côté, les nouveaux personnages sont aussi problématiques. Ils semblent avoir été écrits uniquement pour faire écho aux personnages des films passés. Ils n’ont donc pas de vraie personnalité et sont contraints d’évoluer dans un scénario laissant peu de place à l’innovation. Le soin apporté à l’écriture par James Cameron sur les deux premiers opus manque à l’appel.
Les anciens personnages, pas forcément mieux écrits que les nouveaux, se révèlent pourtant plaisants à retrouver. Ils amènent une nostalgie des premiers films qui rendent certaines séquences amusantes.
Du côté de la réalisation, il n’y a pas grand chose d’innovant. Les effets spéciaux sont dans l’ensemble convaincants, mais sans éclat particulier. Les scènes d’actions, en général plutôt basiques, arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu à certains moments du film.
La première grosse scène d’action est vraiment prenante et permet de bien mettre en avant le danger que représente le nouveau Terminator. Le combat final, plutôt bien mené, montre avec brio les différents protagonistes combiner leurs forces dans des chorégraphies plutôt réussies. Pour le reste, la mise en scène de l’action se révèle fade, avec peu d’idées de mise en scène intéressantes.
En sortant de la séance de cinéma, j’avais l’impression d’avoir passé un bon moment devant le film. Mais, en y repensant, c’est une opportunité manquée de renouveler la saga. Avec son manque d’innovation et ses nouveaux personnages peu engageants, Terminator: Dark Fate ne me donne pas du tout envie de voir arriver une suite. Ce blockbuster est complètement dispensable, incapable de faire avancer la saga sur des rails neufs. Décidément, le titre Dark Fate en dit long sur l’avenir de cette franchise qui apparaît comme très sombre.
Fiche d'informations du film
Titre : Terminator: Dark Fate
Genres : Science-fiction, Action
Réalisateur : Tim Miller
Scénaristes : David S. Goyer, Billy Ray, Justin Rhode
Acteurs : Mackenzie Davis, Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger
Photographie : Ken Seng
Musique : Junkie XL
Durée : 2h09
Date de sortie : 23 octobre 2019