En parallèle de son travail de scénariste sur l’excellente série Westworld, Lisa Joy s’attaque à son premier long-métrage : Reminiscence. Les bandes-annonces laissaient entrevoir un film de science-fiction très prometteur, avec un beau casting. Sorti dans les salles de cinéma fin août, le long-métrage a été reçu très froidement par la critique. Mais au final, si Reminiscence a de nombreux défauts, il a également beaucoup de qualités à apprécier.
Quand Reminiscence a été annoncé, avec Lisa Joy à la réalisation et à l’écriture, j’étais très curieux de voir le résultat. Connaissant son travail de scénariste sur Westworld (en collaboration avec son mari Jonathan Nolan), j’avais beaucoup d’attentes concernant ce long-métrage.
Mais, à la sortie du film, les critiques n’ont pas été emballées. De plus, le film a été un flop en salles pour le studio Warner Bros. Avec son budget de 68 millions de dollars (sans compter les frais de promotion), le long-métrage peine encore à atteindre 20 millions de recettes à l’échelle mondiale.
Dans un futur proche, Miami a été submergée par les flots, suite aux effets du réchauffement climatique. Un enquêteur privé, Nick Bannister (Hugh Jackman), est engagé par des clients afin de retrouver leurs souvenirs. Au cours d’une affaire, il tombe amoureux de sa cliente (Rebecca Ferguson). Lorsque celle-ci disparaît, Bannister est désemparé. Il se lance dans une enquête à travers les souvenirs, afin de découvrir la vérité…
Que vaut le premier film de Lisa Joy ?
Et malheureusement, en découvrant le long-métrage, on comprend rapidement ce qui a pu refroidir la critique. Car Reminiscence souffre de gros problèmes d’écriture. Dès l’ouverture, le film choisit d’expliciter son univers et ses personnages avec une voix off. Ce choix impacte fortement la narration. Car au lieu de laisser le spectateur découvrir les tenants et aboutissants de cet univers au travers des péripéties et actions des personnages, une bonne partie des informations est donnée oralement. La voix off devient donc vite envahissante, débitant un flot d’informations indigeste.
De manière générale, le film se repose trop sur les dialogues pour informer le spectateur. Cela donne lieu à certaines séquences d’exposition assez maladroites.
Un univers sous-exploité
Une des choses qui intrigue dans le film de Lisa Joy, c’est l’univers futuriste présenté. Un univers où l’eau a monté, commençant à recouvrir les quartiers les plus bas, qui ne doivent leur salut qu’à des barrages retenant les flots. Un univers où la chaleur est telle pendant la journée que les gens se sont mis à vivre et à travailler la nuit. Un monde où les plus riches vivent sur des terrains surélevés, tandis que les plus pauvres prennent l’eau. Des idées qui auraient pu permettre au long-métrage de se distinguer dans le cinéma de science-fiction. Malheureusement, le script de Joy ne va pas aller très loin avec. Ces idées sont souvent évoquées en voix off ou en dialogue, mais rarement montrées à l’écran, où utilisées dans l’intrigue. Le film a donc un univers intéressant, mais qu’on a l’impression de juste effleurer du doigt.
La beauté de Reminiscence
Mais, malgré de gros défauts, il y a également beaucoup de choses à apprécier dans Reminiscence. Dès les premières minutes, on se retrouve plongé dans un monde qui semble condamné à sombrer. La beauté et le réalisme des décors permettent de rendre l’univers du film directement tangible. La photographie de Paul Cameron et la musique de Ramin Djawadi contribuent à mettre le spectateur dans une ambiance mélancolique et envoûtante.
L’addiction au passé
Le film nous fait vite comprendre que pour les personnages, il n’y a plus rien à attendre de l’avenir, dans un monde déjà détruit par la guerre, où la montée des eaux menace. Un monde où se réfugier dans nos souvenirs serait la seule perspective.
Ce contexte permet à Lisa Joy d’aborder d’intéressantes thématiques à travers le personnage de Nick Bannister, comme l’addiction à la nostalgie. L’enquête que le protagoniste mène tout au long du film le pousse dans ses retranchements. Obsédé, il navigue dans le passé, encore et encore, à la recherche de réponses. La quête du personnage est très intéressante à suivre, car le récit multiplie les péripéties, les changements de points de vue et les retournements de situation. D’ailleurs, Jackman est excellent dans le rôle de Bannister, apportant une intensité dramatique qui rend le personnage très touchant. Thandiwe Newton et Rebecca Fergusson ne sont pas en reste et tiennent tête à l’acteur australien, amenant humanité et chaleur dans leurs performances.
Si Reminiscence a de nombreux défauts, comme une voix off trop envahissante et des dialogues trop explicatifs, c’est un film qui arrive à nous plonger dans un univers intéressant. Avec un excellent casting, une bande originale très plaisante et des plans magnifiques, c’est un long-métrage qui vaut le détour. Lisa Joy est une cinéaste prometteuse, dont la carrière mérite d’être suivie avec intérêt.
Fiche d'informations du film
Titre : Reminiscence
Genre : Thriller, Science-Fiction, Romance, Film noir
Réalisatrice : Lisa Joy
Scénariste : Lisa Joy
Acteurs : Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton
Photographie : Paul Cameron
Musique : Ramin Djawadi
Durée : 1h56
Date de sortie : 25 août 2021