Nope – Une réussite venue d’un autre monde – Critique

Depuis le début de sa carrière de réalisateur lancée en 2017, chaque film d’horreur réalisé par Jordan Peele intrigue. En effet, les excellents Get Out et Us ont beaucoup fait parler d’eux à leur sortie. Ce mois-ci, le cinéaste revient dans les salles obscures avec son nouveau film, Nope. Et cette fois, il sera question d’événements étranges dans une vallée reculée de la Californie… Un film à voir absolument.

Avec ces deux précédents films, Peele s’était distingué dans le genre de l’horreur en y injectant un ton particulier, avec un récit mélangeant horreur et satire sociale. Les films arrivaient brillamment à jongler entre des scènes de tension particulièrement efficaces et un humour très grinçant.

Nope, le troisième film de Jordan Peele

Le résumé du film est très succinct: Les habitants d’une vallée perdue du fin fond de la Californie sont témoins d’une découverte terrifiante à caractère surnaturel…

Fortes en images marquantes, les bandes-annonces maintenaient un mystère sur les péripéties du film. Une aura de mystère entourait Nope, ce qui donnait encore plus envie de le découvrir dans une salle de cinéma. 

Et le résultat est un film très réussi.

La première qualité du long-métrage est visuelle. En effet, Jordant Peele et son directeur de la photographie Hoyte van Hoytema ont fait un travail magnifique. Hoytema s’était déjà fait remarquer pour son travail visuel sur Interstellar, Dunkerque, Tenet, ou encore Ad Astra. Ici, le défi est particulier: trouver les éclairages et les ambiances adéquates pour un récit ou cohabitent mystère et comédie. Et le travail est accompli avec brio.

De plus, la mise en scène arrive à véhiculer une tension efficace, avec ces personnages situés sous un ciel menaçant, où le danger rôde…

Du côté du scénario, c’est également une réussite. Avec une première moitié de film qui distille un mystère des plus prenants, le long-métrage avance à pas feutrés, se concentrant sur les dilemmes des personnages. Ceux-ci bénéficient d’une écriture solide, renforcée par un casting impliqué, qui fait des étincelles.

La seconde partie, moins mystérieuse, consiste pour les protagonistes à trouver une manière de combattre l’extraterrestre qui occupe les nuages au-dessus d’eux. Insaisissable et meurtrier, il va faire beaucoup de dégâts…

Faire un film

Là où Nope devient fascinant, c’est quand il se met à faire des parallèles avec l’industrie du cinéma. Pendant une scène où les personnages cherchent un moyen de révéler l’existence de la créature au monde entier, ils trouvent une solution: faire un film. Ils contactent donc un directeur de la photographie.

Sur un tournage, le directeur de la photographie (aussi appelé chef opérateur) est la personne qui se charge de concrétiser les plans voulus par le réalisateur. Et ces plans impliquent un éclairage spécifique, pour procurer une ambiance particulière. Le directeur de la photographie a donc un grand rôle à jouer dans la qualité finale de l’aspect visuel d’un film.

Nope montre donc la mise en place d’un tournage qui permettra de réaliser le film prouvant l’existence de créatures venues d’un autre monde. Cela génère une grande tension, et de nombreuses questions: Comment attirer la créature où on le souhaite sur le lieu de tournage sans risquer la mort? Les caméras réussiront-elles à immortaliser l’existence de la créature? Ces interrogations évoquent les problématiques plus banales de nombreux tournages. Le film y rajoute un vernis horrifique, qui maintient le spectateur captivé.

Les dérives de l’industrie du spectacle

Plus généralement, Nope s’interroge sur la façon qu’a la société de transformer tout et n’importe quoi en spectacle. Ce secteur d’activité fait converger tous les regards et toute l’attention. Tout est devenu spectacle, à tel point que sans lui, notre niveau d’attention est en chute libre. Cela conditionne des personnes ou des animaux à avoir leur vie conditionnée par un show, auxquels ils seront toujours rattachés. Des vies de spectacles, qui ont malheureusement des conséquences tragiques. Le film explore ce moment ou le spectacle se transforme en cauchemar. La réalité reprend le dessus, et ce n’est pas beau à voir.

Peele amène donc une réflexion bien sentie sur les dérives du spectacle, que l’on sent dirigée contre le système hollywoodien. Mais Nope ne se limite pas à ça. le long-métrage montre également toute la passion qui anime cette industrie. Les galères dans la production d’un film, le rôle essentiel de tous les métiers de l’industrie du cinéma… Si faire la création d’un film peut avoir des impacts négatifs, cela peut aussi être un objet qui déchaine les passions et amène une nouvelle vision du monde. Un moment spectaculaire vaut le coup d’être immortalisé, s’il est fait à bon escient, semble nous dire Jordan Peele.

Nope, c’est un grand oui! Visuellement magnifique, avec un scénario captivant et des acteurs impliqués, le film impressionne. Une troisième réussite pour Jordan Peele.