L’impact du coronavirus sur l’industrie du cinéma – Chronique

par | Avr 27, 2020 | Les Chroniques Cinéma

Avec l’arrivée du coronavirus, la distanciation sociale et le confinement sont de mise. Ces circonstances ont un impact sur l’économie mondiale, qui fonctionne au ralenti. Aucun secteur d’activité n’est épargné par la pandémie du COVID-19. Le cinéma, qui consiste à rassembler les gens dans des lieux confinés pour une expérience collective, est un domaine durement touché. Actuellement, les salles obscures sont fermées. Mon rapport avec le cinéma m’amène à me questionner: cette situation impactera-t-elle la relation qu’entretient la population avec les salles de cinéma?

Le cinéma et l’impact du coronavirus

Pour beaucoup, les salles de cinéma sont des lieux de rassemblement. La possibilité d’un partage de groupe devant un grand écran. Malheureusement, le coronavirus a sonné l’arrêt temporaire de ce genre d’expériences. Les répercussions de cette pandémie ont causé l’arrêt net d’une grande partie des activités liées à l’industrie du cinéma.

L’annulation des événements et la fermeture des salles

En réaction au confinement de la population et à d’autres mesures gouvernementales, les événements concernant le septième art ont vite été annulés ou reportés. Les salles de cinéma n’ont ensuite pas tardé à fermer leurs portes. Le manque de clients, les restrictions ainsi que les risques de contamination du personnel ont motivé ces décisions. Un cinéma fermé implique que les gérants de salles se retrouvent dans une situation très précaire.

Les tournages à l’arrêt 

Lors de tournages, les équipes de production ont l’habitude de voyager aux quatre coins du monde. Les déplacements sont donc nombreux, exposant les différents professionnels au virus. Afin d’éviter au maximum les trajets et les contacts humains, les studios de cinéma ont décidé de suspendre les tournages en cours. Les productions de films et séries se retrouvent donc mis en pause. Les pertes sont énormes pour les studios.

Après le confinement, les tournages devront reprendre, ce qui demandera des délais supplémentaires pour terminer le travail. Cela va sûrement impacter les dates de sortie d’un grand nombre de projets en production.

Les sorties cinéma reportées

En temps normal, de nouveaux films sortent chaque semaine. Malheureusement, la venue du coronavirus a chamboulé le programme. Alors que les cinémas ferment, les sorties se voient repoussées. Les gros blockbusters sont remis à plus tard. Le nouveau James Bond, Mourir peut attendre, censé arriver en salles début avril, sortira en fin d’année. Fast and Furious 9, initialement programmé en mai 2020, sortira en 2021. Le calendrier des sorties cinéma est donc en mouvement constant, avec une liste de reports qui continue de s’allonger.

À force de reporter la sortie de leurs longs-métrages, les studios risquent plus tard de rencontrer un embouteillage dans le calendrier des sorties. Plusieurs mois de films seront à reprogrammer, la plupart étant reportés à 2021.

Les activités de l’industrie du cinéma sont donc troublées. Le fait de ne pas pouvoir utiliser les salles met en péril les affaires, ces lieux servant de lien entre le consommateur et les studios. En cette période incertaine, il est nécessaire pour tous les acteurs de s’adapter pour recréer ce lien avec leurs clients. Cependant, les règles ont changé. Il ne s’agit plus d’attirer le spectateur dans un lieu pour lui faire vivre une expérience. Cette dernière doit maintenant arriver jusqu’à lui.

Le cinéma en ligne

Avec la fermeture des salles de cinéma, les loisirs extérieurs sont remplacés par les activités en ligne. Tout doit se faire directement depuis chez soi. Dans ce contexte, les plateformes de streaming (Netflix, Amazon Prime, Disney+) connaissent un bel essor.

De son côté, le reste de l’industrie du cinéma cherche des solutions pour continuer son activité. Les studios se tournent donc vers le marché en ligne, en utilisant différents canaux d’offres.

La VOD

Une des solutions vient de la VOD (Vidéo à la demande). Il s’agit d’un système où l’utilisateur va payer le contenu disponible sur la plateforme à l’unité (par exemple Google Play Films et Séries). Ce canal de distribution a permis aux studios de rendre accessible au public des sorties très récentes. Celles-ci étaient arrivées en salles peu avant le confinement. Il s’agit de films comme Invisible Man ou Bloodshot.

Comme les autres acteurs de l’industrie, les gérants de salles cherchent à s’adapter au mieux à la période actuelle. À l’aide de la VOD, certains cinémas mettent à disposition un programme de films à regarder en ligne.

Les plateformes de streaming

Il n’est pas nouveau de voir des studios sortir certains films directement en streaming, sans passer par les salles. Diffuser un film par ce biais comporte d’ailleurs des avantages intéressants. Si un projet semble trop risqué pour une sortie en salles, les studios peuvent le revendre aux plateformes pour diffusion. Cette opération coûte moins cher que la distribution en salles. Et surtout, le long-métrage sera directement accessible à des millions d’utilisateurs.

Dans cette situation de pandémie, les studios doivent décider de ce qu’ils veulent faire de leurs catalogues de films. Ils doivent réévaluer les sorties reportées, déterminer si une sortie en streaming serait plus adéquate.

Certains studios ont déjà entrepris cette opération. Par exemple, Artemis Fowl, production Disney prévue pour une sortie en salle, sera finalement diffusée directement sur Disney+. The Lovebirds, comédie romantique du studio Paramount, sortira directement sur Netflix.

De leur côté, les plateformes sont très demandeuses des contenus des studios. Pour mener leurs affaires, les services de streaming ont besoin de toujours plus de contenus. Au fil des semaines de confinement, les services de streaming ont fait le plein de films et séries (anciens ou nouveaux) venant des studios.

Le streaming est donc un des gagnants dans cette situation de pandémie. Cependant, ces plateformes ont aussi leurs problèmes à régler. Sur le court terme, elles ne sont pas vraiment gênées par l’arrêt des activités de production. Néanmoins, si la situation se prolonge, il est possible qu’elles se retrouvent à court de nouveau contenu. Elles compteront alors davantage sur les studios pour des ajouts à leurs catalogues. Mais si le contenu venait à manquer, elles pourraient s’attendre à une multitude de désabonnements.

Des événements en ligne

Si beaucoup d’événements ont été annulés ou reportés, d’autres ont choisi de se tenir à la date prévue, mais dans un format numérique. En Suisse, Visions du Réel diffuse d’ailleurs actuellement son programme en ligne. Ce sera aussi le cas du Festival de Cannes.

Cette période de confinement pousse donc les acteurs de l’industrie du cinéma à s’adapter pour continuer leur activité. Tous rejoignent le marché en ligne, donnant au consommateur l’accès à un catalogue très varié. Néanmoins, l’évolution de cette situation est encore incertaine. Nul ne sait si le changement occasionné par le coronavirus est juste temporaire, où s’il est parti pour durer.

L’après-coronavirus

Le confinement amenant de nouvelles habitudes de consommation, l’industrie du cinéma s’inquiète pour l’avenir. De nombreuses questions se posent.

Les gens sont-ils toujours motivés à aller en salles?

Une fois le confinement terminé, il y a peu de chances que les gens se précipitent en masse dans les salles de cinéma. Le confinement n’aura pas supprimé la maladie, il l’aura juste ralentie. Le risque de l’attraper existera donc toujours et la population restera sur ses gardes. Dans ce contexte, les salles risquent de ne pas pouvoir fonctionner à plein régime avant quelques mois. Et cela, c’est sans prendre en compte une possible résurgence de l’épidémie cet automne.

Il se pourrait après tout cela que les spectateurs aient moins envie de se retrouver en groupe dans une salle. Même si l’envie de découvrir de nouveaux films leur reste, ils se seront peut-être dans l’intervalle habitués à les voir en ligne.

Une concurrence accrue du streaming? 

Une autre conséquence de l’épidémie pourrait faire très mal aux salles de cinéma. Elle concerne le portefeuille du consommateur. Pendant le confinement, certaines personnes ont vécu de leurs économies. Une fois qu’elles pourront ressortir, leurs premières dépenses ne seront probablement pas consacrées aux loisirs. Avec la récession économique annoncée, les budgets se verront sûrement restreints. Malheureusement pour le cinéma, il est considéré par beaucoup comme un produit de luxe. Dans ces circonstances, les salles pourraient être délaissées pour des divertissements moins coûteux.

Cette situation risque de donner une nouvelle ampleur à la concurrence entre les salles et le streaming. Avec un public ayant moins d’argent en poche et une méfiance des expériences de groupe, le streaming a des avantages. Son prix est moindre par rapport à l’expérience en salles, pour bien plus de contenus à visionner.

Une sélection plus stricte des films en salles

La crise du coronavirus devrait également redéfinir le type de films proposées aux consommateurs dans les salles. Les franchises seront mises en avant, les studios comptant sur leur capacité à attirer du monde. Ce constat date de bien avant la pandémie: en dehors des sagas, peu de films originaux arrivent à attirer le public, raison pour laquelle les studios les diffuseraient de préférence sur les plateformes de streaming. Mais cela veut dire que les salles seront, dans la plupart des cas, le terrain des gros blockbusters.

Que réserve l’avenir pour les salles?

Les temps sont donc incertains pour l’industrie du cinéma. Avec le coronavirus, elle se tourne naturellement vers le marché en ligne. Est-ce temporaire ou le début d’une transformation vers un marché de plus en plus porté sur le digital? Il est encore trop tôt pour le dire. Quant à savoir si la relation entre les salles et les gens va changer, le contexte ne paraît pas très favorable. Les conséquences psychologiques et financières de l’épidémie auront un impact, au moins momentané, sur le mode de consommation des films. Il faudra voir comment les choses évoluent sur la durée.

Si l’offre en ligne est très variée et permet d’avoir accès à de nombreux contenus passionnants, les salles de cinéma me manquent: des endroits de visionnage, mais aussi de partage, de débats et d’émotions. L’expérience collective donne une saveur différente aux films. J’espère donc que les salles vont pouvoir continuer d’exister, malgré leurs inconvénients en ces temps de crise. J’adresse tout mon soutien aux gérants de salles. Leur dure mission va être de redoubler d’ingéniosité pour encourager le public à revenir après l’épidémie. 

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