Doctor Sleep – Un éclat qui s’éteint – Critique

par | Nov 10, 2019 | Critiques

En 1980, un film marquant sortait en salles: Shining.

Le long-métrage raconte l’histoire de Jack Torrance (Jack Nicholson). Alors qu’il peine à gagner sa vie, il accepte de devenir gardien de l’hôtel Overlook, une bâtisse isolée dans les montagnes. Pour accomplir son travail, il va devoir y séjourner durant tout l’hiver, accompagné de sa femme Wendy (Shelley Duvall) et de son fils Danny (Danny Lloyd). Ce dernier possède une sorte de don de médium (aussi appelé le shining) qui le fait se méfier de l’hôtel. À raison, car le lieu semble avoir un effet sur Jack, qui sombre peu à peu dans la folie, devant les yeux impuissants de sa famille…

Réalisé par Stanley Kubrick et adapté du livre de Stephen King, le métrage est entré dans l’inconscient collectif, devenant au fil du temps culte. De son côté, King a détesté ce film, le jugeant trop infidèle à son roman.

Nouveau livre, nouvelle adaptation

En 2013, Stephen King sortait en roman la suite de Shining, intitulée Docteur Sleep. Quelques années plus tard, un projet d’adaptation est lancé, avec Mike Flanagan à la réalisation. Ce cinéaste est connu pour son excellente série The Haunting of Hill House et le très bon Pas Un Bruit. Il s’est aventuré dans ce projet avec un énorme défi à relever: faire de son futur long-métrage une adaptation de Docteur Sleep, tout en étant une suite au film de Kubrick.

Ces deux exigences rendaient le travail très complexe, car coller aux visions de Kubrick et de King demandait de gros compromis et un travail d’équilibriste de tout instant pour les faire cohabiter, autant dans le scénario que visuellement. Le fait que ce film soit une suite à Shining, un long-métrage à présent iconique, mettait également une grosse pression au projet, qui se devait de trouver sa propre identité face à son prédécesseur. La tâche s’annonçait donc ardue pour Flanagan.

Affiche du film Doctor Sleep de Mike FlanaganDans cette suite, nous suivons un Danny Torrance (Ewan McGregor) devenu adulte qui peine à se remettre du traumatisme qu’il a vécu lors du premier film. Il va croiser le chemin d’Abra (Kyliegh Curran), une jeune fille possédant le même don que lui, qui est pourchassée par un inquiétant groupe de voyageurs…

Je suis sorti très mitigé de la séance cinéma de Doctor Sleep. C’est un film qui s’est révélé très frustrant pour moi.

Un scénario astucieux…

Sous certains aspects, le film brille. Le scénario de Mike Flanagan se révèle très ambitieux et astucieux dans ses choix narratifs. Il réussit avec brio à combiner la continuité du Shining de Kubrick et l’adaptation du Docteur Sleep de King. La transposition sur grand écran est bien gérée, pleine d’astuces et de solutions très intelligentes pour porter à l’écran le texte littéraire de King, sans oublier les liens à l’oeuvre de Kubrick. Sur le papier, la proposition de Flanagan est donc très intéressante, avec un script très solide.

… Mais un montage frustrant

Malheureusement, le scénario n’est qu’une étape d’écriture dans la création d’un film, suivie plus tard par le montage. C’est ce dernier, trop compressé, qui vient gâcher une partie de l’expérience de visionnage. Doctor Sleep a tellement de choses à mettre en place et à expliquer qu’il va trop vite et peine à installer une atmosphère et de l’émotion. Il n’a pas le temps de nous plonger dans son univers, car il cherche à gagner du temps pour raconter son histoire, malgré ses 2h30 de durée. Cette précipitation se ressent d’ailleurs dans le traitement des personnages.

L’exemple le plus frappant est celui de Danny Torrance. Au début du film, ce protagoniste a une addiction à l’alcool qui est réglée trop rapidement pour avoir de l’empathie pour sa situation. Il ne rencontre que peu de conflit dans l’histoire, ce qui rend son personnage peu intéressant. Le film en lui-même manque d’enjeux, car les situations s’enchaînent tellement vite qu’il n’y a que peu de temps pour s’y intéresser.

Le long-métrage souffre donc d’un vrai manque d’émotion, malgré une réalisation plutôt intéressante et un casting globalement excellent.

Doctor Sleep est donc une déception. Malgré tout le très bon travail d’écriture dans le scénario pour concilier les visions de Stephen King et de Stanley Kubrick, le montage ne fait pas de cadeau et ne laisse s’installer que peu d’ambiance et d’émotion. Le résultat est vraiment frustrant, car j’avais vraiment envie d’aimer ce film, Mike Flanagan étant un réalisateur que j’apprécie beaucoup. J’attends toujours de pied ferme ses prochains projets, parce qu’il reste un cinéaste très prometteur.

Autres articles :

Share This