Bullet Train – Le minimum syndical – Critique

Dans un train, des tueurs à gages sont en mission. L’objectif: récupérer une mallette, pour laquelle ils vont devoir s’entretuer… Ce synopsis est celui de Bullet Train, réalisé par David Leitch. Avec des bandes-annonces mettant en avant les séquences d’action et le casting cinq étoiles (Brad Pitt, Aaron Taylor-Johnson) le film semblait être l’un des incontournables divertissements de l’été 2022. Cependant, Bullet Train s’est révélé être une véritable déception…

De cascadeur à réalisateur

Avant de passer au poste de metteur en scène, David Leitch s’est d’abord fait connaître en tant que cascadeur. Son nom s’est mis à parcourir tout Hollywood quand il a co-réalisé John Wick (2014) avec Chad Stahelski. Avec des scènes d’action inventives et d’une grande efficacité, ce long-métrage a grandement influencé le cinéma d’action des années suivantes.

Considéré comme un réalisateur prometteur, Leitch a pu accéder à de nombreux projets. Cependant, la suite de sa carrière ne s’est pas montrée à la hauteur. Après le très moyen Atomic Blonde (2017), le réalisateur se tourne vers les blockbusters d’action. Il met en scène Deadpool 2 (2018) et Fast and Furious: Hobbs and Shaw (2019). Les résultats: des films oubliables, qui feraient presque oublier le travail de ce réalisateur sur John Wick.

Mais lorsque les bandes-annonces de Bullet Train sont sorties, le projet semblait prometteur. Le concept du film, qui ramène toute l’action dans un même décor, permettrait peut-être à Leitch de faire un film décomplexé et créatif.

Malheureusement, le film a été pour moi une déception.

Mais commençons d’abord par en évoquer les qualités.

Visuellement, le film est beau. Les visuels colorés associés aux éclairages néons du train accrochent la rétine, avec certains plans très bien composés. Si on enlève la dernière partie du film, qui se repose trop sur des effets spéciaux d’une qualité discutable, le visuel du film est plaisant.

Le plus gros atout de Bullet Train n’est autre que son casting. En effet, tous les acteurs se donnent à fond, livrant d’excellentes performances.

Malheureusement, ces qualités ne sont que bien peu de choses face à une myriade de problèmes qui viennent gâcher le plaisir.

Un problème de ton

D’abord, Bullet Train a beaucoup de mal à trouver son ton. Le film est vendu comme une comédie à l’humour bien appuyé, avec des personnages aux punchlines bien senties. Mais, en même temps, le long-métrage tente de jouer sur un autre tableau en amenant des éléments dramatiques très pesants à son scénario. Sur le papier, l’idée est intéressante.

Mais à cause d’un mauvais dosage de ces deux ingrédients, la recette tombe à plat. Tous deux exacerbés, la comédie et la tragédie semblent s’annuler l’un l’autre. Le résultat: l’impact émotionnel de la plupart des séquences se retrouve amoindri. Cela donne un film où une bonne partie de l’humour ne prend pas, malgré toute l’implication des acteurs.

De l’action… mais surtout du dialogue

Mais le principal intérêt du film restent les scènes d’action. Ou plus précisément le fait de voir les tueurs à gages s’entretuer dans des scènes d’action inventives et excitantes. Sur cet aspect, le film déçoit également. Si certaines séquences de combat sont amusantes, elles ne durent jamais bien longtemps. Le long-métrage se montre avare en action, préférant laisser ses personnages débiter des tunnels de dialogues explicatifs.

Cela donne l’impression que le film ne sait pas quoi faire avec son concept. Des tueurs dans un train à pleine vitesse, amenés à se battre dans d’étroits wagons… Ce n’est que très rarement que le plein potentiel de cette situation est exploité à bon escient dans la mise en scène. Car le décor aurait été propice à de l’action bien plus inspirée et prenante. Ici, on se contente du minimum syndical.

De plus, les scènes d’action sont généralement des moments de cinéma qui racontent beaucoup de choses sur leurs personnages. La façon dont ils se déplacent, leur manière de frapper, d’esquiver, en dit long. Par exemple, si un protagoniste est blessé, Le spectateur pourra le ressentir dans sa manière de bouger.

Mais dans Bullet Train, aucune scène d’action n’a d’impact visible. Et pour cause, les personnages passent leur temps à prendre des coups, sans que l’on ressente une quelconque différence dans leur façon de se battre. L’impression d’être en présence de surhommes que rien ne peut blesser prédomine. Cela rend les séquences d’action assez vaines.

Malgré un concept prometteur et un casting impliqué, Bullet Train laisse à quai. La faute à des scènes d’action peu inspirées et un humour mal dosé, qui vient dédramatiser tout le récit.