Comment vivre dans un monde où le moindre bruit peut être un danger mortel? C’est sur ce postulat de base que s’ouvre Sans un bruit de John Krasinski. Sorti au cinéma en 2018, ce long-métrage a marqué le public et les critiques, avec des retours largement positifs. Alors que sa suite sort dans les salles ce mois-ci, il est temps de revenir sur ce premier opus, à mon goût très réussi.
Sans un bruit raconte l’histoire d’une famille vivant dans un monde post-apocalyptique, sous la menace de créatures sensibles aux sons. Sachant que le moindre murmure peut avoir des conséquences fatales, cette famille s’efforce de vivre dans le silence…
De multiples casquettes
Sans un bruit est réalisé par John Krasinski. Ce dernier était auparavant plus connu pour son travail d’acteur, notamment dans la série The Office, ou dans le film 13 hours de Michael Bay. Pourtant, Krasinski n’a pas attendu Sans un Bruit pour tourner son premier film. En effet, il a déjà été réalisateur de plusieurs projets, qui sont passés relativement inaperçus, comme La Famille Hollar (2016). Mais avec Sans un bruit, le défi cinématographique était d’une autre ampleur. Car sur ce film, Krasinski endossait plusieurs casquettes: réalisateur, producteur, scénariste, et acteur. Et à la mise en scène se trouvait son plus grand challenge : tourner un film où le son est un danger mortel.
À l’origine, l’idée du film est venue de deux scénaristes : Bryan Woods et Scott Beck. Ils ont commencé à écrire le scénario du film en 2016, qu’ils ont vendu au studio Paramount. Après son arrivée en tant que réalisateur sur le projet, Krasinski s’est impliqué dans de nombreuses réécritures.
Dès la diffusion des premières bandes-annonces, le long-métrage a attisé l’intérêt avec son concept ambitieux et ses images intrigantes. Lors de sa sortie, le film a très bien marché. Pour un budget de 17 millions de dollars, Sans un bruit a récolté environ 340 millions au box-office mondial. Un beau succès pour le studio Paramount.
Une séquence d’introduction réussie
Dès la séquence d’introduction, le film fait fort. Directement, Krasinski arrive à plonger les spectateurs dans l’univers du film, en montrant des villes et commerces abandonnés, où le silence règne. En moins de dix minutes, la scène d’ouverture parvient à nous faire comprendre cet univers, son fonctionnement et ses dangers. Avec cette séquence très efficace, les règles sont posées. Le bruit peut causer la mort, et les personnages peuvent être attaqués à tout moment.
Le quotidien des personnages
Contrairement à beaucoup d’autres films d’horreur, Sans un Bruit prend un temps considérable (mais nécessaire) pour montrer le quotidien de ses personnages et les relations au sein de la famille. Et c’est la grande force du long-métrage: le fait de passer de temps avec les personnages. Le film explore avec brio les relations entre les parents et leurs enfants dans ce monde post-apocalyptique. Il montre surtout les limites d’un quotidien où on ne doit pas faire de bruit, sous peine de risquer la mort.
Voir les personnages dans ce silence amène également une réflexion sur notre quotidien normal. En effet, celui-ci est composé de bruits, que nous faisons pour pouvoir communiquer, nous exprimer, bouger, nous déplacer, ou manger. Les personnages du film, eux, doivent faire attention à chacun de leurs mouvements.
On ressent donc le stress éprouvé par cette famille dans leur vie quotidienne. On constate également l’impact de cette situation sur les enfants, qui sont limités dans leurs expressions, dans la peur constante de voir un monstre arriver. C’est avec le personnage de la fille, qui est sourde, que le long-métrage explore une autre idée terrifiante: le fait d’être sourd dans un monde où des créatures peuvent surgir au moindre bruit…
La protection des enfants
Sans un bruit explore également une des angoisses des parents: comment protéger leurs enfants dans un monde où ils ne font pas le poids face à de dangereux monstres?
Le film se penche sur ce questionnement au travers des personnages des parents, prêts à tout pour protéger leurs enfants et pour mener leurs vies malgré la menace qui pèse sur eux. Les personnages sont très attachants, bien aidés par un très bon casting. John Krasinski et Emilie Blunt excellent dans l’incarnation des parents. Dans la vraie vie, les deux acteurs sont en couple, et leur alchimie se ressent à l’écran. Mais ceux qui étonnent vraiment, ce sont les enfants. Millicent Simmonds et Noah Jupe arrivent à incarner avec une grande justesse leurs personnages, leur amenant beaucoup d’humanité.
L’importance du son
Suivre les aventures de cette famille qui évolue dans le silence amène une tension particulièrement efficace. Car le son prend une importance décuplée pour le spectateur, qui se met à craindre l’arrivée de chaque petit bruit, qui annonce potentiellement un danger.
La réalisation de Krasinski plonge le spectateur en immersion dans cet univers. Pour installer une ambiance pesante, le cinéaste fait durer ses plans, cherchant à capturer les différentes facettes des personnages. L’ambiance est également aidée par la musique de Marco Beltrami, qui amplifie les moments de tension et d’émotion.
La mise en scène arrive, dans la deuxième partie du film, à créer des scènes de tension très réussies, où les personnages sont poussés à bout. Pour autant, John Krasinski ne perd pas de vue ses personnages, gardant l’émotion au centre de l’histoire.
Sans un Bruit est donc un coup de cœur pour moi. Avec un concept horrifique très intéressant, le film réussit à raconter une histoire avec des personnages attachants et de beaux moments de tension. Le récit tient en haleine jusqu’au bout. Sans un bruit 2 sort ce mois-ci, et j’ai hâte d’aller le voir en salles.
Fiche d'informations du film
Titre : Sans un bruit
Titre original : A Quiet Place
Genre: Épouvante, horreur, thriller
Réalisateur: John Krasinski
Scénaristes : Scott Beck, Bryan Woods, John Krasinski
Acteurs : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds
Photographie: Charlotte Bruus Christensen
Musique: Marco Beltrami
Durée : 1h30
Date de sortie : 20 juin 2018