Enragé – Un concentré de tension – Critique

par | Sep 27, 2020 | Critiques

Je suis toujours fasciné de voir la capacité qu’a le cinéma de transformer des situations banales en histoires cauchemardesques. Car c’est ce que propose Enragé: une histoire qui tourne à l’horreur à cause d’une altercation entre deux automobilistes. Porté par un Russell Crowe investi dans son rôle, le film est une course-poursuite des plus prenantes.

Enragé (Unhinged)Enragé raconte l’histoire de Rachel (Caren Pistorius). En retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière une voiture qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et la dépasse. Quelques mètres plus loin, le même véhicule s’arrête à son niveau. Son conducteur (Russell Crowe) lui demande de s’excuser, ce qu’elle refuse. Furieux, il commence à la prendre en chasse. Son but: lui faire vivre la pire journée de sa vie…

Si cette trame peut sembler très basique et déjà vue, elle se pose tout de même comme un défi narratif. En effet, comment rendre intéressante une histoire déjà racontée à maintes reprises sur les écrans? Et comment amener de la tension à une situation aussi banale? Afin que la recette fonctionne, il faut pouvoir amorçer l’intrigue de façon crédible pour le spectateur, le ramener dans son quotidien le plus banal, avant de le conduire vers cette altercation et les éruptions de violence qui vont en découler.

Avec Enragé, le réalisateur Derrick Borte et le scénariste Carl Ellsworth ont montré qu’il est toujours possible de surprendre avec un scénario, certes basique, mais diablement efficace. Résultat: un des films les plus divertissants de cette année.

Tout d’abord, avant de commencer son intrigue haletante, Enragé prend le temps de poser son cadre. Gros plans sur des autoroutes américaines, où se précipitent des milliers de voitures. De nombreux bouchons, des véhicules à l’arrêt, des gens exaspérés derrière leur volant… Mais aussi des altercations, des explosions de violence… Le film se sert donc des autoroutes pour donner une image de notre société. Une société toujours plus pressée et individualiste, ou le côté humain passe à la trappe.

L’écriture des personnages

Enragé s’ouvre donc sur cet environnement où les conflits et les klaxonnements sont légion. Le film nous plonge ensuite dans le quotidien des personnages principaux. Alors que Rachel et son fils sont bloqués dans les bouchons, le long-métrage prend le temps de développer la relation avec son fils. Les deux personnages se révèlent vite très attachants, au travers des problèmes de leur vie quotidienne.

Russell Crowe enragé

Ensuite arrive le moment pivot du récit: l’altercation entre Rachel et un homme instable incarné par Russell Crowe. L’un des gros points forts du film vient de la performance de l’acteur néo-zélandais. Il incarne ici un homme instable qui n’a plus rien à perdre.

Son altercation avec la protagoniste marque le moment où une situation à priori banale tourne au cauchemar.

À partir de là commence une course poursuite haletante. Les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné, faisant monter une tension particulièrement prenante. La réalisation de Derrick Borte est très efficace et tient le spectateur en haleine. Toute la tension est renforcée par la musique de David Buckley.

Le personnage de Crowe va pousser Rachel à bout à travers une série de péripéties affreusement cruelles pour la protagoniste. Malgré quelques facilités dans le scénario, Enragé arrive à captiver le spectateur jusqu’à la fin. Et c’est là que le temps passé avec Rachel et son fils au début prend son sens. Une fois attaché à eux, on a d’autant plus envie de savoir ce qui va leur arriver.

Crowe, dans son rôle d’antagoniste sournois, se révèle terrifiant. Sa palette de jeu très variée rend extrêmement crédible le côté très instable de son personnage. En regardant le générique de fin, on peut constater un détail intéressant: le personnage de Russell Crowe n’a pas de nom. Il est juste appelé « l’homme ». Cela soutient une idée très intéressante: ces actes de violence pourraient être commis par n’importe quelle personne. Idée renforcée par un des slogans publicitaires du long-métrage: « Il peut arriver à n’importe qui ».

Enragé est donc un très bon divertissement, qui, malgré un scénario très basique, arrive à créer d’une situation banale une histoire à l’efficacité terrifiante. À voir en salles.

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