Dans le cinéma de divertissement, les films de superhéros sont depuis des années des productions qui rapportent gros. À tel point que le genre n’arrête pas de se décliner de différentes manières. Alors que la saison estivale 2020 n’a vu sortir que de rares blockbusters, la faute à une industrie handicapée par le coronavirus, Netflix en profite pour sortir sa production superhéroïque: Project Power. Réalisé par Henry Joost et Ariel Schulman (Nerve), le film avait attisé mon intérêt avec sa bande-annonce intrigante, qui laissait entrevoir un vent de fraîcheur sur le genre des superhéros, très codifié depuis des années.
L’histoire se passe à la Nouvelle Orléans, où une mystérieuse pilule, le Power, fait son apparition. Sa particularité: elle donne des capacités extraordinaires à celui qui l’ingère pour une courte durée (cinq minutes). Néanmoins, deux inconvénients rendent l’expérience dangereuses:
- Certains meurent directement après avoir ingurgité la substance.
- Deuxièmement, il est impossible de savoir sur quelle aptitude on va tomber avant d’ingérer la pilule.
Les pouvoirs obtenus seront différents d’une personne à l’autre. Invisibilité, résistance aux balles, force surhumaine… Malgré les risques d’utilisation, cette pilule fait rapidement grimper le crime en ville. Pour stopper le chaos ambiant, un policier (Joseph Gordon-Levitt), s’associera avec une jeune dealeuse (Dominique Fishback) et un ancien soldat (Jamie Foxx).
Un concept alléchant
L’idée de départ du long-métrage est d’intégrer un univers de superhéros dans un autre, plus réaliste, où les trafics de drogues sont légion. Dans ce contexte, Le concept d’une pilule qui va donner des pouvoirs aux gens pour une durée limitée, sans qu’ils puissent les choisir, avec un risque de mort, a tout d’un concept fort, permettant de créer des intrigues avec un grand potentiel dramatique.
Le film commence d’ailleurs de manière prometteuse en présentant avec efficacité son concept, ses personnages et son univers. On se retrouve donc plongé dans l’ambiance de cette Nouvelle-Orléans, où la criminalité augmente et où les super-pouvoirs apparaissent au coin des rues.
Plutôt intrigant, le début laisse augurer le potentiel du film, prêt à renouveler les codes du genre.
Une trame visitée et revisitée
Mais rapidement, le concept s’essouffle. Le plus gros problème du film est de ne jamais tenter de sortir des sentiers balisés par le genre superhéroïque. Le scénario, signé Mattson Tomlin, manque d’ambition et se contente de traiter son concept génial en surface. De ce fait, le film se contente d’accumuler les passages attendus, amenant toutes ses péripéties sur un terrain prévisible. De plus, pour faire avancer son intrigue, le scénario use de nombreuses facilités scénaristiques pour faire progresser son intrigue, ce qui est vraiment dommage.
Une réalisation efficace
Ce n’est donc pas pour son ambition scénaristique que l’on regarde Project Power. Qu’en est-il du côté de la réalisation?
Si le film ne brille pas par l’originalité de sa mise en scène, le traitement de l’action est plutôt efficace. Les scènes de combat misent sur un rythme effréné, et sont plutôt plaisantes à suivre. Le film met également l’accent sur la violence des pouvoirs durant l’action, montrant frontalement la nocivité de ces aptitudes spectaculaires de courte durée.
En dehors de l’action, la réalisation arrive à capturer certains beaux plans. La musique de Joseph Trapanese, bien que peu mémorable, exécute très bien son travail d’accompagnement. Du côté des effets spéciaux, la qualité est en dents de scie, certains étant très réussis, alors que d’autres attirent l’attention pour les mauvaises raisons.
Un très bon casting
Derrière ce constat mitigé, on pourrait penser que le film est prêt à rejoindre le récent Tyler Rake (lire la critique) dans la catégorie des productions Netflix décevantes de cette année. Cependant, j’ai passé un bon moment devant Project Power, qui est pour moi un bon divertissement. Car si le film est très (trop) classique dans son déroulé, la pilule passe quand même grâce à une grosse qualité: le casting.
Sur le papier, les personnages du film sont des archétypes que l’on a vu maintes et maintes fois. Cependant, les trois acteurs arrivent, par leur jeu, à leur conférer une aura charismatique. On s’attache à eux rapidement et on a envie de les voir réussir dans leur lutte contre les fabricants de pilules. J’étais personnellement content de revoir Joseph Gordon-Levitt, dont la présence sur les écrans s’était raréfiée ces dernières années. Les interactions entre les protagonistes fonctionnent vraiment bien, donnant à l’intrigue un supplément d’âme bienvenu.
Au final, qu’y a-t-il à retenir de Project Power? Pas grand chose. Le concept des pilules, pourtant très prometteur, n’est traité qu’en surface, pour servir une intrigue fonctionnelle et prévisible. On ressort donc du film avec un sentiment d’inachevé. Cependant, le long-métrage reste tout de même un bon divertissement, efficacement réalisé et porté par un très bon casting.